Si les Tunisiens ne sont pas prêts aujourd’hui à changer, à évoluer et à se transformer, c’est qu’ils n’ont pas suffisamment saisi la portée et la signification du message lancé un certain 25 juillet 2021. D’autant que c’est tout le pays qui est entré dans une phase de rectification et de rétablissement des valeurs. Une rectification où tous les espoirs et toutes les attentes tirent vers le haut, après une décennie qui, sur fond de confusion, de déceptions et d’échecs répétés, n’a jamais été à la hauteur des aspirations escomptées. Par quelque dimension que l’on saisisse, les responsables de l’époque s’étaient montrés la plupart du temps incapables de renouveler leur centre d’intérêt, conformément aux exigences et aux impératifs de l’étape.
Dans notre société actuelle, nous avons tendance à vite abandonner toute épreuve face à une difficulté. La vraie question qui ne cesse de revenir est : jusqu’où pourrions-nous aller dans cette phase de reconstruction au sein de laquelle le Président de la République donne chaque fois la certitude de s’investir à fond?
Le problème est que l’environnement dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui est la conséquence d’un changement artificiel et d’une reconversion ratée. On pensait que ceux qui étaient passés aux commandes du pays pouvaient jouer leur rôle et assumer leurs responsabilités. Mais tout ce que la Tunisie et les Tunisiens avaient enduré pendant plus de dix ans a donné la preuve la plus évidente qu’ils n’avaient ni le mérite, ni le profil et surtout pas la compétence pour le faire. L’idée de repartir sur de nouvelles bases et une politique complètement différente était bien là, mais c’était sans compter les dérives d’une classe politique ayant fait basculer la Révolution dans des considérations hors normes. Il était devenu quasiment difficile de prospérer et de s’élever avec autant de manquements et de gâchis. Les impératifs et les véritables besoins ignorés jusque-là sous l’effet d’arguments erronés, la Tunisie a dû, par conséquent, payer, et paie encore cher les conséquences d’une révolution confisquée, détournée.
Les exigences se font aujourd’hui de plus en plus sentir. Le Président de la République sonne la fin de la récréation. Il appelle à la nécessité d’opérer un audit global et minutieux de tous les dons et prêts obtenus par la Tunisie au cours des dernières années. Il insiste sur le projet de décret relatif à la réduction des délais des jugements définitifs sur les rapports de la Cour des comptes concernant les élections présidentielle et législatives de 2019 et garde sous un œil vigilant le renforcement du contrôle des circuits de distribution pour lutter contre toutes les formes de monopole et de spéculation.
Il est temps de mettre en place un ensemble de démarches afin de revaloriser le paysage tunisien dans ses différentes dimensions politique, économique, sociale et humaine. La mise à l’écart des opportunistes et des corrompus, l’affirmation des principes, le respect des valeurs, telles sont les vertus à retrouver dans un environnement encore dénaturé.